Eric Legrand
- lesanneesrecre
- il y a 2 jours
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Il est probable que vous ne reconnaissiez pas son visage, et pourtant… sa voix a accompagné des milliers d’heures de votre vie. Éric Legrand incarne depuis plus de quatre décennies des dizaines de figures mythiques de la télévision et de l’animation. Si la reconnaissance publique reste discrète, sa contribution au doublage français est immense. Portrait d’un comédien entier, pudique et passionné.
Né en 1952, Éric Legrand suit une formation traditionnelle de comédien : après un an de cours privé, il est admis au prestigieux Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Il explore toutes les branches du métier d’acteur : théâtre, radio, télévision, café-théâtre, publicité, cinéma.
« J’ai travaillé plus ou moins dans toutes les disciplines qui s’offrent aux comédiens (...) Le doublage, pour sa part, est littéralement venu me chercher. Et puis il m’a gardé… »
Dans les années 1980, alors que la télévision française ouvre ses antennes à la vague des séries américaines et des dessins animés japonais, Éric Legrand commence à prêter sa voix à des personnages marquants. C’est le début d’une longue histoire entre lui et le monde du doublage.
Pourtant, il confie qu’à ses débuts, « faire du doublage était aussi honteux que si on s’était prostitué. » À cette époque, les comédiens considéraient cette activité comme mineure, un “petit boulot” en marge du théâtre ou du cinéma. Mais avec le temps, le public a commencé à reconnaître et valoriser le travail des voix derrière les personnages.
Éric Legrand prête d'abord sa voix à des personnages aux registres nuancés et romantiques, l'un des rôles les plus touchants qu'il ait dû interpréter est sans doute celui d'André Grandier, le fidèle compagnon d’Oscar François de Jarjayes dans Lady Oscar.
Ce personnage, à la fois tendre, digne et tragique, demandait une interprétation tout en subtilité.
« André reste l’un de mes rôles préférés. Il n’a pas besoin d’en faire trop pour être bouleversant. Il est profondément humain. »
C’est dans les années 1990 que Legrand entre dans la légende du doublage avec deux rôles cultes : Végéta, le fier prince des Saiyans dans Dragon Ball Z, et Seiya, le chevalier de Pégase dans Les Chevaliers du Zodiaque. Deux personnages contrastés, mais tous deux portés par une énergie vocale intense et maîtrisée.
« Végéta est un rôle assez épuisant, mais passionnant. C’est un personnage plus complexe qu’il n’y paraît, bourré de contradictions, qui évolue constamment. »
« Seiya est sans doute celui qui a le plus marqué le public, mais aussi moi-même, par sa constance, son idéalisme, sa générosité. »
À travers ces rôles, Éric Legrand n’a pas seulement doublé des personnages : il leur a donné une âme.
Il voit dans le doublage une exigence technique et artistique comparable à toute autre forme de jeu : il faut capter l’intention, synchroniser parfaitement la voix avec l’image, tout en restant fidèle à l’original. Éric Legrand insiste sur un point essentiel : il n’est pas “doubleur”, mais comédien.
« Il ne s’agit pas d’imiter, mais de recréer, en français, l’émotion que l’acteur original a voulu transmettre. »
Cette rigueur, combinée à un respect profond pour les œuvres et les spectateurs, fait de lui un modèle dans le milieu du doublage.
Parmi les autres rôles notables pour la jeunesse, on peut aussi citer :
1982 : Pic Pic Pic - narrateur
1983 : Bomber X - Cyril
1984 : Les petits génies - Richie Adler (Matthew Laborteaux)
1986 : Transformers - Cyclonus
1989-1996 : Dragon Ball Z - Yamcha
1990-1992 : Sophie et Virginie - Frédéric Rochambeau
1992 : Charles s'en charge - Charles
2001-2002 : Les Nouvelles Aventures de Lucky Luke - Jolly Jumper
Au cinéma, Éric Legrand a prêté sa voix à de nombreux acteurs de renom, incarnant notamment Lance Guest dans le rôle d’Alex Rogan, héros du film Starfighter (1984), ou encore Kevin Bacon dans Footloose la même année. Il a doublé Tom Hanks, Billy Zane, Owen Wilson, mais aussi Keanu Reeves, Charlie Sheen, Lou Diamond Phillips, Patrick Dempsey, Mark Harmon, sans oublier Rob Lowe, Matthew Broderick, Ben Stiller et Kyle MacLachlan. Une impressionnante galerie de voix qui révèle l’ampleur de sa palette et sa grande souplesse d’interprétation.
Dans un monde où l’image règne, Éric Legrand nous rappelle que la voix est aussi un visage; il a prêté son souffle, sa nuance, sa force des dizaines de personnages imaginaires.
Éric Legrand s'est éteint le 22 mai 2025, et de nombreuses marques d'émotion témoignent de son empreinte sonore gravée dans les souvenirs. Pour les amateurs de doublage, les passionnés d’animation, et les nostalgiques du Club Dorothée, Éric Legrand est bien plus qu’un simple comédien. Sources additionnelles: Eric Legrand : site officiel
C'est un très bel hommage ! Plein d'émotions ! Avec parsemés dans le texte les mots toujours précis d'Eric et sa merveilleuse voix ! Merci !